10 décembre 2006

Sarkozy/Bazin : impossible censure et difficile mesure sur le Web

Le journaliste d'i>Télé Laurent Bazin a fait le récit sur son blog d'un déjeuner "off" avec Nicolas Sarkozy, avant de le retirer à la demande de sa direction. Trop tard, le texte était déjà maintes fois reproduit sur la toile, et son retrait faisait naître la polémique.

Laurent Bazin, présentateur de la matinale sur la chaîne d'information i>Télé, a raconté le 6 septembre sur son blog les détails d'un déjeuner "off " avec Nicolas Sarkozy, Valérie Lecasble, directrice d'i>Télé, et la rédaction de la chaîne. Le journaliste retranscrit les propos échangés, et des mots que le ministre de l'intérieur n'aurait assurément pas prononcé devant un micro allumé. Le lendemain, Laurent Bazin annonce qu'il retire le post de son blog "à la demande de la direction d'i>Télé" qui ne souhaite pas que le contenu de ce déjeuner collectif soit publié, une décision que regrette l'auteur.
Mais le buzz a déjà éclot, le texte a été copié de blog en blog, et l'annonce de son retrait suscite de nombreux commentaires et de nouvelles reproductions. L'éditeur Guy Birenbaum, sur son propre blog, souligne la maladresse et la "méconnaissance totale du net" de la direction d'i>Télé, sans qui le récit de ce déjeuner ne se serait ainsi propagé. Il propose également l'asile politique virtuel à son confrère. Si certains ont rapidement crié à la censure, tels Jean-Marc Morandini sur l'antenne d'Europe1, Laurent Bazin a réfuté le terme dès le lendemain dans une réponse aux diverses réactions. L'ancien reporter affirme qu'il peut écrire ce que bon lui semble, qu'il n'a pas été censuré et que Nicolas Sarkozy n'en a pas fait la demande. Il regrette les conclusions faciles et rapidement tirées, mais constate surtout la spécificité qui fait la puissance d'Internet : "le fait qu'un texte mis en ligne soit immédiatement lu (et conservé...) par des dizaines de personnes, et que le même texte ne puisse être retiré sans que cela se voit et fasse réagir", phénomène que l'auteur considère comme "extrêmement saint".
Le lendemain néanmoins, il s'exprime à nouveau, frappé par de nombreuses critiques lues sur son site et sur d'autres, parlant souvent sans mesure de complot politico-médiatique et dénigrant les journalistes. Tentant de clarifier une polémique qui l'a déjà dépassé, il s'explique quand à la pratique du "off", trop tard, encore.
Les nombreux blogs d'hommes politiques ou les grandes campagnes d'adhésion en ligne menées par le PS et l'UMP avaient témoigné de la puissance du Web comme nouvel outil de communication politique. Au mois de novembre Ségolène Royal subissait les aléas de la propagation virale sur Internet avec une vidéo dans laquelle la candidate socialiste tenait des propos mal accueillis par une partie des syndicats d'enseignants. Fin novembre, l'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy, dont l'exclusivité était donnée à la presse quotidienne régionale, était court-circuitée et diffusée sur Internet. La toile, filée entre les citoyens est, particulièrement pendant cette campagne, une arme entre leurs mains. Est-elle pour autant un outil au service de la démocratie ? Sur son blog, Laurent Bazin appelle au débat, sans tabou. Mais sans contrôle non plus, et l'emballement de la blogosphère ne rend pas justement compte, aux dires du journaliste, de la vérité.


> Laurent Bazin : 'Nicolas Sarkozy dans son assiette'
> Laurent Bazin : 'Petit traité du "off"'
> Guy Birenbaum : 'Lecasble, l'esprit Canal...'
> Echos de l'affaire sur la blogosphère

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