12 novembre 2006

Dieudonné au Bourget : quand la provocation mène au Front

L'humoriste et homme politique Dieudonné M'Bala M'Bala a fait une apparition remarquée, samedi 11 novembre, à la fête "Bleu, Blanc, Rouge" du Front National. Sur le site Internet du comédien, pas d'explication sur sa venue, comme il l'avait annoncée, mais une interview trahissant certaines ambiguïtés.

Dieudonné au Bourget, le 11 novembre, parmi les militants du Front national, dont quelques-uns ont fait comprendre à l'humoriste polémiste qu'il n'était pas le bienvenu à cette convention présidentielle d'extrême droite.Dieudonné s’est invité à la fête du FN au Bourget. Dans les allées de la "convention présidentielle", il a croisé J.-M. Le Pen à qui il a serré la main et avec qui il a échangé quelques mots, avant que le numéro deux du FN Bruno Gollnisch et le secrétaire général du parti Louis Aliot viennent les saluer. "Je suis venu pour voir", a expliqué Dieudonné. Candidat en 2002, retiré de la compétition pour 2007, le comédien a précisé qu'il s'était aussi rendu à la Fête de l'Humanité et que sa visite ne valait pas appel au vote. Entouré du service d'ordre du FN et accompagné par Farid Smahi, membre du bureau politique du parti, Dieudonné a visité quelques stands, dont celui de l'association SOS Enfants d'Irak de la femme de J.-M. Le Pen. "Je n'ai pas besoin de lui, mais s'il me manquait une voix pour être élu, je serais bien content que ce soit la voix de Dieudonné qui arrive", a déclaré le candidat d'extrême droite, jugeant Dieudonné "contestataire, libertaire, révolutionnaire".
L'humoriste a annoncé qu'il préciserait, dès le lendemain, les motivations de sa venue. En effet, la présence de Dieudonné au rassemblement frontiste surprend. Sa candidature contre Marie-France Stirbois aux régionales de 1998 et son combat contre le FN en Eure-et-Loir restent en mémoire, notamment chez certains participants à la fête qui ont exprimé leur mécontentement à son passage. Mais Dieudonné n'est pas à une contradiction près, et le tourbillon médiatique qui l'a emporté depuis 2003 semble le pousser à la provocation, inexorablement.
Sur le site Internet de l'humoriste, les articles concernant sa visite au congrès FN sont surplombé par une photo, qui au survol se change en affiche pour son prochain spectacle au Zénith de Paris. Curieux mélange des genres. Point d'explication encore, elles sont promises pour plus tard, mais une longue interview donnée dans son théâtre.
Les excès du comédien frappent : à propos de l'Histoire, du peuple noir, des associations juives. Il se laisse parfois aller à de dangereuses divagations. Pour lui, les médias servent une propagande politique, et il est identifié comme "l'axe du mal" : "il faut un méchant comme dans un film", et ce n'est "pas le moins bon rôle", dit-il, riant d'avoir battu Le Pen sur ce terrain en 2005. Comme le leader frontiste il condamne les 500 signatures obligatoires, qui ne sont plus anonymes, et le manque de représentation de l'Assemblée. S'adressant aux banlieues : "de toute façon il faut provoquer une révolution, il faut arrêter d'être raisonnable". Ce qui ne signifie pas voter pour la LCR, s'empresse-t-il de préciser. "Ayez de l'imagination !", exhorte-t-il, considérant d'autre part que le PS et l'UMP risquent de ne pas passer le premier tour, qu'il n'y a ni méchant ni gentil et qu'il faut "dédiaboliser les choses".
Dieudonné se considère comme un humaniste, un universaliste. Mais les quelques mots qui vont en ce sens ne suffisent à excuser le reste de ses propos, et la tendance malheureuse que ceux-ci semblent embrasser.

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