29 octobre 2006

Ségolène chahutée : le double impact des sifflets

Sifflée au Zénith lors d'un débat interne du PS, Ségolène Royal est la cible de vives critiques de la part de Laurent Fabius et Domnique Strauss-Kahn, tandis qu'un enregistrement intensifie l'écho de l'évènement sur Internet.

Dans la course à l'investiture, Ségolène Royal était jusqu'à présent protégée des attaques de ses adversaires par une popularité sans cesse confirmée dans les sondages. Elle a fait face, pour la première fois lors du débat organisé le jeudi 26 octobre, à la contestation des militants.
6000 franciliens ont écouté les trois candidats du PS au Zénith de Paris. La présidente de Poitou-Charentes, intervenant entre ses deux camarades, a défendu sa proposition de "jurys de citoyens". Déstabilisée par l'hostilité de ses détracteurs, Mme Royal les a difficilement combattus. Huée par une partie des militants, elle a finalement remercié la salle pour son accueil "chaleureux", l'autre partie la gratifiant d'une standing ovation.

Les débats internes du PS sont interdits aux médias audiovisuels, mais un enregistrement sonore des discours a été mis en ligne, signé du prénom du leader du Mouvement des jeunes socialistes, Razzye Hammadi. S'il a récemment exprimé des désaccords avec la candidate, il n'est assurément pas l'expéditeur du fichier. Une mauvaise blague, donc ? A l'écoute, la captation semble avoir été réalisée près des opposants, dont on entend les réactions. Les nombreux "le projet, le projet, le projet !" et "Laurent, président !" qui ponctuent l'intervention de Mme Royal laissent supposer que l'initiative incombe à un ou plusieurs supporters fabiusiens. De la position qu'occupait la personne qui enregistrait, les sifflets couvrent la voix de Ségolène, exagérant l'effet de contestation, objet depuis de nombreux commentaires.
"Je les prends comme une épreuve supplémentaire qui va m'aguerrir pour la vraie bataille contre la droite", a-t-elle déclaré en quittant le Zénith, regrettant "un risque de divisions et d'affrontements". "On ne peut pas dire d'un côté que les socialistes doivent être rassemblés et se faire siffler dans la salle", a-t-elle ajouté. "On a des témoignages de gens de la section de Sarcelles qui ont reçu une instruction de Camba [Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn] de siffler Ségolène", a dénoncé son porte-parole, Arnaud Montebourg.

D'autres se sont réjouis du déroulement de la soirée : "il peut arriver à tout le monde de faire une mauvaise intervention. Ne transformons pas un mauvais discours en crise des socialistes", a déclaré DSK. "Il arrive que l'on traverse de mauvaises passes dues à de mauvais sondages ou à des formulations approximatives", a expliqué l'ancien ministre de l'économie, qui dit sentir non plus "un frémissement" mais "un mouvement" en sa faveur. Laurent Fabius considère lui qu'il gagnera "si le débat continue sur le fond". "Evidemment, si c'est essentiellement sur une logique d'apparences, c'est plus compliqué", a-t-il lancé à Ségolène Royal, qu'il accuse de multiplier "toute une série de propositions qui soit ne sont pas dans le projet socialiste soit sont totalement contradictoires".
Les candidats se retrouveront le 7 novembre pour le dernier débat télévisé, deux jours avant un dernier meeting à Toulouse.

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> Ségolène Royal demande à ses concurrents de "calmer leurs troupes"
> Enregistrement du discours de Ségolène Royal au Zénith le 26 octobre
> Lettre ouverte à Razzye Hammadi

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